Voilà maintenant presque deux mois que l’album Sankta Lucia est sorti. Tout se passe très bien et l’accueil est formidable, le public lyonnais aussi! Dans cet article, j’aimerais vous parler de tout le travail graphique que j’ai mené pour cet album. Vous avez déjà vu les posters, maintenant, je vais décortiquer le digipack. J’ai attendu pour cela que beaucoup d’albums soient vendus et que les fans aient le plaisir de découvrir par eux-mêmes, chez eux, les éléments graphiques. Je sais à quel point ce peut être un moment chéri et je ne voulais pas le gâcher.
Voici donc le digipack Sankta Lucia avec son livret de 24 pages. J’ai longtemps échangé avec l’usine pour obtenir ce rendu, la matière papier et ses fibres beaucoup plus présentes. Vincent Pianina a été mon conseiller sur certains points.
Pour cet album de voyage, je voulais bien sûr que la cartographie soit présente. On peut retrouver sur la pochette les endroits exacts où se passent les chansons. L’univers du train a bien sûr été très inspirant. J’ai passé des heures à la bibliothèque de Lyon, a chercher tous les éléments de signalétique des trains, et tous les éléments graphiques qui font penser aux voyages et aux billets. Le vieux graphisme des tableaux d’horaires a été très inspirant.
J’aimais beaucoup ce tableau d’horaires, je l’ai trouvé tel quel, avec la photographie en bas à droite. J’ai trouvé cette idée marrante et ça a été la ligne directrice du poster.
Autre exemple, sur le cd, j’ai imaginé le dessin technique d’une roue de train. Mes études de Sciences de l’Ingénieur s’avèrent parfois utiles, même si je ne ferais pas trop confiance à cette roue-là.
J’ai utilisé certaines photos que j’avais prises durant un certain voyage d’août 2008. L’idée était qu’on ait l’impression que le groupe est a chacun de ces endroits, avant même d’y aller. En effet, j’ai travailler sur le graphisme et les photos de janvier à mars 2011 pour une fabrication de l’album en avril. Le voyage qui nous a servi à tourner tous les clips n’est venu qu’en août. Il fallait donc être prêts bien avant. C’est pour cela que toutes les photos du groupe dans l’album se passent en fait à Lyon. Tout est assez unifié par les couleurs car j’ai choisi de n’utiliser que le bleu et le rouge. Ce qui a été chouette, c’était de revenir aux mêmes endroits que les photos pour filmer, mais parfois en deux ans, des choses avaient déjà changé.
Il y a bien une robe que j’ai acheté pour Alizée, c’est celle-ci, robe hongroise des années 20, brodée à la main, magnifique.
Mais j’ai surtout fabriqué presque tous les costumes, ou alors j’ai collecté des pièces qui mises ensemble font l’illusion de costumes traditionnels. Je me suis beaucoup documenté en amont. J’ai eu aussi l’immense chance qu’une amie Polonaise m’offre son petit gilet folklorique d’enfance. j’ai pu faire de l’ingénierie inversée dessus, tout analyser pour refaire la même chose.
Cela m’a pris du temps, mais m’a économisé beaucoup d’argent. En parlant d’argent, il y avait un peu moins de 6000 euros pour fabriquer cet album. Le pressage et l’impression des 1000 copies coûte déjà 2500. Avec le reste, je devais imaginer un voyage de 4 personnes sur 10000km, acheter du matériel adéquat (steadycam, cartes mémoires, batteries…) et faire ces costumes. Autant dire que je n’avais rien pour les costumes. Par exemple cette coiffe de Léa, maintenant si significative de la « Joueuse de flûte » est inspirée de ce costume tchèque, en bien sûr moins impressionnant.
C’est mon rêve de collecter toutes sortes de costumes comme celui-ci. Comme j’en ai rarement l’occasion, je fabrique tout moi-même.
La photo du milieu de livret est celle du la Sainte Lucie. Cette fête m’a beaucoup impressionné, elle a donné ses couleurs à tout l’album. Le thème de la lumière a été important pour nous.
Je tiens à dire que cette photographie de forêt a vraiment été faite à Ödland, en Suède.
La religion, ou plutôt les religions ont été la dernière inspiration majeure, que ce soit graphiquement ou musicalement. Ce que j’entends par religions, c’est toutes les grandes idées qui on pu déchirer le monde et qui sont fondées sur un mythe. Pour moi le Nazisme et le Communisme en font partie. Ils ont été dans leur temps de vrais cauchemars où la raison a complètement perdu pied.
Les clochers que l’on voit sur la dernière page sont tous européens et j’en ai vu la plupart. Il y a les églises d’un peu partout, Varsovie, Prague, Bratislava, les minarets ottomans de Sarajevo et Tuzla, et les synagogues de Budapest.
Je voulais vraiment que l’objet graphique raconte beaucoup de choses, qu’il soit une part entière de l’album. Si vous en voulez un, c’est par ici. Dans un prochain article, je ferai la même chose avec les inspirations musicales.